Résumé
Le développement industriel et démographique humain depuis deux siècles s?accompagne d?un impact croissant de l?Homme sur la biosphère, qui se surimpose aux fluctuations naturelles. L?augmentation de la concentration en dioxyde de carbone dans l?atmosphère, la pollution chimique et la pêche industrielle perturbent l?ensemble des écosystèmes marins. Ces perturbations d?origine anthropique affectent la biodiversité, les biens et les services écosystémiques dont les populations humaines dépendent pour leur développement.

Dans ce contexte, il est nécessaire d?identifier des indicateurs de la vulnérabilité des écosystèmes afin d?envisager des mesures d?exploitation durable, de conservation et de restauration des environnements naturels. Les prédateurs supérieurs se situent en position élevée dans les réseaux trophiques. Ils sont de ce fait sensibles aux perturbations qui affectent les niveaux trophiques inférieurs des écosystèmes dont ils dépendent et sont donc considérés comme de bons indicateurs individuels et populationnels de la vulnérabilité des écosystèmes.

Nos recherches se sont intéressées à différents aspects de l?écologie des prédateurs supérieurs dans plusieurs écosystèmes côtiers et hauturiers, principalement dans le sud-ouest de l?océan Indien. L?étude de l?écologie trophique de diverses espèces d?oiseaux marins et de poissons à partir de l?analyse des contenus stomacaux et de traceurs chimiques (isotopes stables, éléments trace, traceurs lipidiques) constitue la base de nos recherches.

Nos travaux ont montré le comportement alimentaire généraliste d?une majorité des prédateurs marins en milieu tropical et la plasticité des populations, qui leur permet de faire face à la grande hétérogénéité spatiale et temporelle de l?environnement marin tropical et de s?adapter aux conditions locales. Bien que s?alimentant sur des proies appartenant à des groupes fonctionnels proches, les différentes espèces de prédateurs ont des niches écologiques bien définies qui leurs permettent de réduire la compétition pour les ressources.

Les résultats des études comparatives à grande échelle spatiale mettent en évidence une connectivité forte entre écosystèmes à l?échelle des bassins océaniques, en particulier pour les espèces migratrices.

Ces résultats soulignent l?importance de l?approche écosystémique qui permet de mieux appréhender les effets complexes des perturbations liées aux activités humaines sur les systèmes naturels.

Mots clés
Océan Indien tropical, oiseaux marins, thons, télémétrie, régime alimentaire, isotopes stables.

Composition du jury
Monsieur Philippe CURY, Directeur de Recherches, IRD
Monsieur Robert DELMAS, Directeur de Recherches, Université de La Réunion
Monsieur David GREMILLET, Directeur de Recherches, CNRS, CEFE
Monsieur Matthieu LE CORRE, Professeur, Université de La Réunion
Monsieur Vincent RIDOUX, Professeur, Université de la Rochelle