J'ai quelques petites histoires à raconter en marge du lancement de la sonde d'exploration vers Pluton.  Jim Christy qui était là. C'est lui le découvreur de la grande lune de Pluton, et naturellement il  fallait trouver un nom pour ce deuxième monde auprès de Pluton, avec lequel il danse étroitement d'une manière peu commune.

Et donc Jim Christy a proposé de le nommer "Charon" ou "Sharon".

Si vous êtes familiers de la mythologie, Charon était le batelier qui transportait dans son bac les âmes de la terre entre la vie et les  enfers sur lesquels règnait le dieu Pluton.

 

Et sa deuxième raison pour l'appeler Charon, et une partie de la discussion avait trait à la prononciation appropriée du nom, c'est le fait que le nom de son épouse est Sharon, son nom est Charlene, mais on dit Sharon, et donc quand on lui demande la prononciation correcte, il dit « Sharon ».

Ainsi le nom de Charon est non seulement pour le batelier des enfers, mais également pour honorer son épouse, ce qui était une manière très intéressante pour Jim de faire bonne mesure entre la mythologie et sa famille. Et puis il y avait Patsy Tombaugh qui était là aussi pour le lancement, c'est une femme extraordinaire.

 

Clyde nous a quittés passé 90 ans, et pour son quatre-vingt-dixième anniversaire, certains d'entre nous au JPL s'étaient réunis pour lui donner des petits cadeaux, des cartes et et des lettres en l'honneur de son anniversaire.  Pour cet anniversaire, il portait une montre avec le chien Pluto, le chien de Mickey, qui avait  été fabriquée spécialement pour lui, avec le dessin du chien Pluto, cela avait amusé tout le monde. 

Clyde Tombaugh a disparu quelque temps après son anniversaire, il n'a pas vécu assez longtemps pour voir le lancement. Sa veuve Patsy avait alors 93 ans, je crois, une femme très intelligente. Elle était là et elle se tenait à côté de moi près de la balustrade en attendant le lancement.

 

Le lancement avait été reporté plusieurs fois en raison de la météo, et nous étions tous assez impatients, nous avions manqué le premier jour de la fenêtre de lancement, nous avons dû attendre le jour suivant, chacun était naturellement très inquiet du temps, et nous espérions que la fusée partirait à l'heure prévue.

Patsy se tenait à côté de moi appuyée sur la rambarde, et c'est à ce moment que se sont confirmés les soupçons que j'avais eus au sujet de quelque chose d'inhabituel avec la sonde spatiale.

 

Rob, mon mari, et Alan Stern, ami et collègue m'avaient caché, et à tous les autres aussi,  que les cendres de Clyde Tombaugh, ses restes funéraires, étaient à bord du vaisseau spatial.

Il serait le premier humain, d'une certaine manière, à s'approcher de Pluton, plus près que n'importe qui d'autre, au moins par ses cendres. Pendant qu'avait lieu cet incroyable décollage de la fusée, et qu'un nuage immense se déversait sous le vaisseau spatial, qu'on entendait un tonnerre et des grondement que l'on pouvait sentir dans ses tripes par les vibrations de la terre si proche du lancement, il y avait Patsy qui serrait fortement la balustrade ses deux mains, et on pourrait la voir se chuchotter à elle-même « Vas-y Clyde, vas-y ! », ce qui a naturellement a fait fondre en larmes ceux qui étaient autour d'elle parce que nous avons alors compris que quelque chose de son mari était à bord du vaisseau spatial en route vers la planète qu'il avait découverte.

 

C'était très spécial.